Arène

Bahal se trouvait comme chaque jour vers cet horaire en train de s'entraîner avec ses hommes. Ce jour là, il dirigeait l'entrainement. Il avait vu quelques faiblesses au niveau de la défense durant la bataille contre les pirates et il tenait à corriger ce défaut.

C'est alors qu'il remarqua la jeune dame. Il fit signe à ses hommes de continuer et s'avança vers elle et inclinant la tête.

-«Bien le bonjour Dame. Vous vous êtes égarée ?»

Ondine avait déjà remarqué l'homme qui s'avançait vers elle, d'un air grave, elle lui répondit :

J'aurais bien aimé l'être.

Elle soupira et reprit :

Non, je voudrais apprendre à me défendre, à manier une épée, pourriez-vous m'aider ?

Bahal se frotta la nuque et comprit que la jeune dame était ici pour s'entraîner. Il la jaugea du regard un moment puis il acquiesça lentement de la tête.

-"Je pourrais vous aider mais savez vous utilisr une arme?"

Ondine le regarda, d'un air perplexe :

Non, je suis issue d'un lieu bourgeois, et j'utilisais plutôt des instruments de musique, je n'ai jamais touché d'armes de ma vie, et si je suis là, c'est pour savoir en utiliser une.

-«Que la vie est triste, maintenant même les demoiselles doivent apprendre à manier les armes. Enfin.. Tout d'abord, il n'est pas dit que votre arme de prédilection soit l'épée, il se peut que cela se trouve dans l'arc, la hache, ou bien la lance. Néanmoins, je voudrai tout d'abord savoir si vous vous êtes engagé dans l'Ecole ou l'Armée.»

L'Officier croisa les bras

Ondine fronça les sourcils :

Non, je ne suis engagée à rien, c'est juste que je ne veux plus être celle qu'on sauve, et qui est toujours la proie.
A votre avis, quelle arme me conviendrait ?

Bahal jaugea lentement la jeune femme de nouveau. Le but premier était d’observer la composition d’Ondine pour essayer de se représenter l’arme qui pourrait lui être le plus profitable. La lance ou la hache était hors de question du fait de son manque d’entraînement. Il restait donc l’épée, néanmoins une épée à deux mains aurait été trop lourde, cependant une rapière pourrait être efficace.

-« Eh bien, je peux vous dire que je n’ai pas connu beaucoup de femmes qui désiraient prendre les armes. Je n’ai rien contre cela mais vous devez savoir qu’apprendre à manier une arme est difficile et cela va vous demander de l’endurance.

Même si cela est uniquement dans le but de vous défendre, il vous faudra être concentrée et attentive. »

Bahal marqua une pose puis se tourna vers ses hommes. Il les observa et fit la grimace. Aucun d’eux n’auraient la patience et le tact nécessaire pour s’occuper d’une jeune Dame. Il reprit sa position initiale.

-« L’Arme qui pourrait vous correspondre serait une rapière. Toutefois êtes vous prête à vous lancer là dedans ? »

Ondine garda la même expression :

Oui, je suis absolument sûre et certaine, je veux apprendre à me défendre.

Puis elle détourna le regard d'un air confus :

Hem..qu'est-ce qu'une rapière ?

La jeune femme rougit, un peu intimidée, les hommes dans la salle allait sûrement se moquer d'elle, elle qui fut noble il y a un temps.

Bahal se frotta lentement la nuque et sourit. Il aurait du se douter que la demoiselle ne saurait pas ce qu’était une rapière. Il décida alors de lui expliquer la chose.

-« Une rapière est comme une épée mais plus légère et plus fine. C’est en cela que je parlais qu’elle conviendrait à votre physionomie. Avez-vous quelques questions avant que nous commencions, Dame ? »

Ondine resta sceptique pendant quelques instants et répondit :

Mais..c'est aussi efficace ? Je pourrais être plus rapide que ceux qui ont une épée, si je comprends bien ?

-« Vous aurez certes un avantage en vitesse mais votre lame cependant ne fera nullement le poids dans une passe d’arme directe contre une épéiste. Ce que je vous propose avant tout est de devenir une bretteuse mais cela passe tout d’abord par les talents d’un épéiste. Cela vous suffit il ? »

Bahal croisa les bras et attendit la réponse de la jeune Ondine.

Une bretteuse ? Une épéiste ? Une passe d'arme directe ?

La jeune femme était complètement perdue, qu'est-ce que c'était que ces mots ? Ils ne s'accordaient pas ensemble, ils ne voulaient rien dire pour elle, seulement des mots à la suite des autres, qui formaient un groupe de mots complètement incompréhensible, mais elle dit seulement comme réponse :

Bien..j'ai hâte de commencé..

Sa voix semblait un peu sarcastique, mais aussi impatiente

Bahal se tourna pour se diriger vers un tonneau contenant diverses armes d’entraînement et poursuivit les explications que la jeune femme ne semblait pas avoir comprise. L’entraînement se profilait comme long.

-« Une Epiéste est une personne maniant l’épée. Pour ce qui est d’une Bretteuse, elle est davantage spécialité dans l’attaque rapide avec une épée telle que la rapière, cela cependant au mépris de la défense.

Pour ce qui est des passes d’arme, il s’agit le plus souvent du moment où deux combattants confrontent leurs armes l’une face à l’autre et chacun de son coté essaie de repousser l’autre. »

Il sortit une épée en bois qu’il envoya aux pieds d’Ondine.

-« Je vous laisse la ramasser et montrez moi quelle posture vous prendriez pour m’affronter »

La télépathe sursauta,et regarda l'arme.
Elle la ramassa, et plaça ses mains comme elle avait l'habitude de faire sur sa harpe; la main gauche placée plus haut que la droite, et comme les combattants qu'elle avait vu lors de querelle ou de combats en arène, elle bascula son coude vers l'arrière, et écarta ses pieds, le pied droit en avant et l'autre en arrière, les jambes fléchis.
Ondine semblait y mettre du coeur, mais elle le tenait comme un javelot,telle un chevalier en joute.

Bahal haussa un sourcil en voyant la manière dont la jeune femme tenait son arme. Si elle souhaitait charger dans les rangs ennemis, épée en avant c’était peut être significatif mais dans une posture défensive, assez ridicule.

-« Je croyais que vous souhaitiez apprendre à vous défendre. Là, la chose que je vois est que vous allez me foncer dessus, en courant pour m’embrocher avec votre arme. Il me suffit d’esquiver vu que je connais votre mouvement et d’abattre ma lame dans votre dos une fois que vous êtes passée. »

L’Officier sourit.

-« Allons un peu de sérieux. Tenez vous droite, fléchissez un peu sur vos jambes. Saisissez le pommeau à deux mains et essayez de vous protéger en couvrant votre corps avec la lame en diagonale de votre bassin à votre épaule. Essayez de garder un peu de distance entre votre lame et vous

Allez y, essayez »

Ondine écouta attentivement, comme une élève assidue, et regarda ses mains mal placées, elle voyait, que le soldat n'allait pas être indulgent.
Sans rien dire, elle redressa son dos, fléchissant encore un peu les jambes, et empoigna ses mains autour du pommeau, les mains serrées et les doigts crispées, elle essaya de remonter la lame pour la mettre en oblique, mais lorsqu'elle essaye de placer une distance entre la lame et sa poitrine, ses poignets lâchèrent sous le poids, et l'arme tomba.
Mais elle ne perdit pas espoir, et reprit sa lame, reprenant la même démarche, l'épée tangua encore un peu, et retomba.
Elle se remit dans la même position pour la troisième fois, son dos légèrement courbée, et l'épée à quelques millimètres de son torse, mais l'épée resta en équilibre.

L’Officier de l’Armée du Roi fit le tour d’Ondine pour vérifier sa position et sembla satisfait. Il se remit alors en face d’elle puis réfléchit à ce qu’il pourrait essayer de lui faire pratiquer. Il en sortit qu’elle devait tout d’abord se familiariser à cette pose.

-« Bien, j’aimerais que vous apprenez à prendre cette posture sans hésitation et rapidement. N’oubliez pas que l’épée que je vous ai donnée est en bois, la rapière sera un peu plus lourde. Vous devez aussi vous déplacer et essayez de donner quelques coups d’épée devant vous sans être gênée par le poids et toujours revenir après une attaque en défense.

Je vous laisse pour le moment vous entraîner, lorsque cela sera acquis nous passerons à autre chose. Si vous avez des questions, c’est le moment. »

Ondine écarquilla les yeux, et regarda la lame en bois, elle pensait que c'était le poids maximale pour une arme, mais elle garda son sang-froid, en se disant qu'à force de s'entraîner, cette arme deviendrait légère.
Elle acquiesça la tête, et obéit :

Très bien.

Elle se remit en garde, l'épée tremblant un peu, fit un pas lent, envoya un coup maladroit dans l'air, et revint sur sa garde, la lame vacillant encore.

A force de refaire la même chose au bout de vingt minutes, ses pas en avant furent plus rapides, mais ses pieds s'emmêlaient quand elle revenait sur ses gardes, ce qui lui faisait perdre quelques secondes, pour se remettre en position de défense.
La sueur commençait à ruisseler sur son front et sur son cou, même si elle était essoufflée, elle resta en position, tenace comme elle était.

Après que la jeune fille ait compris l’entraînement qu’elle devait faire, Bahal la salua de la main puis quitta l’arène.

-« Bonne chance, Demoiselle. »

Au moins trois heures s'étaient écoulées après le départ de Bahal, Ondine était maintenant puante, sale et transpirait, elle se dégoûtait d'elle-même, ses muscles complètement contractés, finir par lâcher, et la jeune Dame tomba par terre, elle avait oublié que cela ne faisait que quelques jours qu'elle était sortie de l'infirmerie.
La télépathe ramena ses genoux vers sa poitrine, et mis sa tête entre ses bras.
Cette position était bonne pour réfléchir, réfléchir à tout ces événements qui s'étaient déroulé si promptement.
Elle poussait parfois de longs soupirs, l'épée était trop dur, peut-être qu'un arc pourrait faire l'affaire ?
Elle releva la tête, et s'assit en tailleur, retroussant ses manches jusqu'aux épaules, pour essayer de libérer toute cette chaleur.
Ondine fixait la salle avec les autres soldats,leurs mouvements et leurs précisions parfaites, intimidait la noble.
Elle attendit Bahal, pour lui parler de son idée d'arc.

L’Officier Bahal revint un temps plus tard pour voir où en était la jeune femme. Il pensait ne pas la revoir, que l’entraînement aurait été trop lourd pour elle mais sa surprise fut conséquente en revenant. Ondine était là, mais ce n’était plus une fraîche jeune demoiselle qui s’y trouvait.

-« Eh bien, on dirait que l’entraînement a été rigoureusement suivi. Alors qu’est ce que cela a donné ? »

Ondine se leva, par politesse, en s'appuyant contre une poutre, et fit , entre quelques essouflements :

Je pense..que l'épée, même en bois, n'est pas faite pour moi, pourrais-je essayer l'arc ? Je pense que cette arme raffinée, serait plus à mon goût.

Bahal passa sa main sur son menton et sembla réfléchir à la proposition que venait lui faire la demoiselle. Pour utiliser un arc, il fallait avoir de la force dans les bras pour pouvoir le bander et après les difficultés qu’elle semblait avec une épée en bois, l’Officier était incertain.

-« Vous savez qu’il faut de la force pour pouvoir tirer la corde d’un arc ? De plus, vous ne pourrez vous défendre qu’à distance avec ce type d’arme. Vous ne pourrez pas faire face à une personne imminente.

Sauf si vous apprenez aussi le maniement de la dague.. Enfin, je vous laisse réfléchir à ce sujet, il commence à se faire tard. »

Ondine passa une main sur son front en acquiesçant, elle sourit à Bahal en disant :

Je me débrouille plutôt bien à la dague, si vous le voulez bien, j'aimerais tout de même essayer, demain.

Elle s'inclina, et se dirigea vers la sortie, mais soudainement elle s'arrêta :

Merci beaucoup de m'aider, je sais que ça ne doit pas être facile d'entraîner une femme.

Elle sourit aimablement, et partit pour de bon.

Ondine revint deux jours plus tard, plus déterminer que jamais, elle attendrait Sire Bahal.
Cette fois-ci, elle s'entraînera, à la dague et à l'arc, mais elle y arrivera, elle se l'était promis.

Elle se rangea dans un coin, toujours intimidée par les autres soldats, tous aussi performants, et soupira.