Taverne

Le soldat de première classe Rukainn revenait après avoir inspecté la zone Sarosa - Sud Palais. L'homme était habillé comme à l'accoutumée: Son long manteau en cuir et son pantalon de la même matière. Ni plus ni moins.

Il marcha vers le comptoir, d'un pas souple et agile, afin de ne pas attirer l'attention sur lui.

- Salut le nain.. Une choppe de bière naine..

D'un geste habile et habitué, il déposa quelques rollands sur le comptoir.

Le regard de Chris fut littéralement détourné par la venue de Rukaïnn, qu'il ne connaissait pas le moins du monde, à vue d'oeil. Les questions fusèrent. Qui était-ce ? Portait-il cette tenue en fonction ou hors fonction ? Etait-ce quelqu'un d'important ? Sa tête reposait sur sa main, alors qu'il oubliait déjà qu'il avait questionné son général.
Enfin, il détournait le regards de temps à autre, vérifiant si sa commande parvenait, et si Bahal était disposé à lui répondre.


Edit Tyroine : Gimli t'a déjà servi :p

(mince, j'avais mal lu concernant les paroles de Gimli)

Chris ne tarda pas à saisir son verre et de le porter par moments à sa bouche, sentant le liquide glacial pénétrer sa gorge. Quel raffraîchissement !
Après Rukaïnn - qu'il ne connaissait que vaguement et à qui il a promis une course d'escargots sensationnelle - vint une personne qu'il ne connaissait pas. Pas encore, tout du moins. L'infirmier... Il se souvint de la mise en garde d'Alexandre Tribal, mais se dit qu'il ferait mieux de faire connaissance avec chacun des unités de l'armée ; ça ne pouvait être que bénéfique. Il salua timidement, d'un geste de main bref, Zihark, puis en revint à son verre, s'effaçant.

Alors que l'individu se tenait devant le comptoir, attendant sa choppe parmi la foule de soldat, infirmière et autre, il entendit une voix l'appelant. Une voix familière, celle du Général Bahal.

Citation :

-« Heureux de vous revoir, soldat Rukainn. Je ne pensais pas vous croiser aussi vite. Cela vous tenterez de boire une tasse de thé avec moi ? Messire Gimli possède des gâteaux qui vont à merveille avec les arômes de sa boisson. »

L'homme salua son supérieur et lui répondit:

- Et bien, ma foi, pourquoi pas.

L'homme se tourna vers Gimli, attrapant sa choppe et faisant un clin d'oeil pour approuver les dires du nain. Même si le thé et les petits gateaux n'était pas son habitude, il ne fallait pas refuser une offre venant de son Général.. Surtout pas..

C'est pourquoi, l'hybride attrapa sa choppe et avança vers le Général.

- Je vous suis, Général.

L'homme suivit son Général et lorsque celui-ci s'installa, Rukainn fit de même. Il était pas moins étrange qu'un général propose une tasse de thé à un soldat. Pourquoi celui-ci faisait il ça? Il n'allait pas tarder à le savoir en réalité.

Citation :

« Comme vous le savez, la mission à l’Empire n’a pas été un franc succès. Hum, le Trésorier Misakith avant sa supposée mort, nous a communiqué le nom de Lunha. Je voulais savoir si cela vous rappelez quelque chose.

Du reste, vous pourriez avoir une idée de ce qui a poussé l’Empereur à agir de cette façon ? Même si cela peut vous paraître anodin, nous devons rassembler tous les éléments qui peuvent nous fournir des renseignements. »

Voila donc la réponse. D'un geste nonchalant, il déposa sa choppe sur le côté promettant à lui même de la boire après le "tête à tête". L'Empire, toujours l'Empire.. A croire que son passé allait le harceler à jamais. D'abord silencieux, puis réfléchit, Rukainn regardait Bahal, il n'allait quand même pas dévoiler la vie de son ancien ami devant tout le monde et surtout pas au Général de l'Armée Royale.

Rukainn ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, puis la referma. Un sourire se dessina sur son visage, la tête légèrement sur le côté, fixant la table. Puis il se mit à parler.

- Lunha est une très bonne amie à Misakith. C'est tout naturel alors que de vouloir transmettre un message à une amie avant de mourir. Pour l'Empereur.. hum.. l'homme passa sa main sur son bouc naissant. L'Empereur est un gamin, un gamin possédant un empire mais ce n'est pas ça..

Il se tût un moment puis repris.

- La lance de Démonio est elle encore à l'Empire..? Si ça se trouve, c'est peut être ça.. Elle émane un pouvoir que tout être humain perdrait la tête.. Le Gardien de l'Empire n'est plus à Bélériand.. Donc son pouvoir protecteur a pu se dissiper..

Si c'est ça.. Ça peut être très dangereux..

Puis l'homme s'arrêta de parler, observant son interlocuteur.

D'un geste de la main, l'homme se saisit de la théière, puis de l'autre attrapa la seconde tasse prévue à cet effet. Concentré sur sa tache, il versa le thé dans la tasse, puis leva le regard lorsque son supérieur se mit à parler.

Citation :

-« Je sais que cela doit vous être difficile et veuillez me pardonner. Si cela ne relevait pas de la sécurité du Royaume, je ne vous aurais pas interrogé sur votre passé. Je vous remercie de vos réponses, Rukaïnn. »

A la fin, un fin sourire se dessina sur l'être ni totalement démoniaque, ni totalement angélique. Il se doutait bien que la question de Bahal et sa réponse ne le faisait pas avancer.. Il y a des choses dire et d'autre à ne pas dire, surtout lorsque cela provient d'un ami. L'homme posa ses mains sur le récipient contenant le liquide aux parfums envouteurs puis se mit à parler.

- Cela devait arrivé tôt ou tard.. Et de toute façon, nous aurons encore ce genre de conversation, Général Bahal. Vous savez, je connais chaque recoin, chaque dédale de Bélériand. Leurs passages secrets, leurs cachettes, leurs pièges. Je sais comment entrer dans la capitale sans être vu, sans être entendu. Je connais la faiblesse de cet empire désinvolte qui ose se dresser devant l'unique représentant du dieu de la Justice. Mais je connais aussi leur force.

Il ajouta même.

- Je sais même vous dire au chiffre près le nombre de soldat il y a dans la capitale. Si ce n'est pas le bon chiffre, l'estimation n'est pas loin de là. Je sais aussi beaucoup de chose sur les différentes contrées de l'Empire. S'ils nous ont fermé la porte, pas un problème, la voie maritime nous permettra toujours de venir. Bien sur, ils seront au courant, mais à part quelques soldats en patrouilles, il n'y a pas grand monde dans les villes côtières.

Ils n'ont pas de stratège, ils ne se reposent que sur le jugement de l'Empereur. L'Empereur est jeune et facilement corruptible.

Un silence surgit.. Puis le soldat se remit à parler.

- Alors, s'il vous plait Général. Si à chaque vous, je devais vous pardonner pour chaque questions que vous allez me poser sur l'Empire. On en a pas finit.

L'homme se remit à sourire puis attrapa sa tasse. Il déposa celle-ci sur le bord de ses lèvres et avale une courte gorgée. L'homme plissa les yeux et déposa la tasse sur la table. Le thé était encore bouillant et il venait de se bruler la langue.

C'est alors que le Général se remit à parler.

Citation :

-« Sinon, j’espère que vous appréciez votre intégration à l’Armée Royale. Comme nous avions pu en discuter, cette situation vous semble à présent plus confortable. C’est cela ? »

L'individu regarda l'humain assis devant lui.

- J'apprécie oui. Malgré le faite que j'aurais aimé être du côté de ceux qui se battent encore et toujours aux frontières du royaume de sa Majesté Roland IV que de devoir patrouiller dans un village de bouseux, d'alcoolique et de pseudo démons atteint de conjonctivite désirant détruire le monde.

Je me suis toujours dis qu'il fallait laissé ça aux mains de la milice, compétente pour cette tâche. Mais... La milice n'est pas mieux que ses villageois.

L'homme repensa à Constantine mis aux arrêts pour lui avoir balancer une bouteille.

- Certains soldats aiment la tranquillité de ces lieux mais moi, je suis plutôt du genre à réellement défendre la cause juste qui nous aient été confié en repoussant les frontières, en repoussant les démons, constamment. Trouvez vous ça étrange, Général? Moi je ne le trouve pas.. Qui sait.. Peut être aurais-je un jour l'occasion de vous montrer l'étendue de ma force. Lors d'une joute.. Un duel, qu'en dites vous?

Il afficha son éternel et bref sourire. Un duel contre le général à la vue des autres soldats, rien de tel pour montrer sa supériorité.

- Sinon vous m'avez poser une question. La question était en quelques sortes: Pourquoi choisir d'exécuter les ordres donnés que de donner les ordres à exécuter. Je ne vous ai pas réellement répondu, mais je vais tacher de le faire maintenant.

Vous savez sans doute pourquoi, j'ai eu une période sombre. La mort de ma femme, la disparition de ma fille. Je me suis rendu compte que je n'étais pas encore assez fort pour pouvoir endosser cela et continuer à faire le métier, continuer à donner des directives afin de gérer au mieux la nation pour laquelle on travaille.

Il hocha légèrement la tête sur le côté puis il reprit.

A vrai dire, il y a aussi le faite que pendant toutes ces années à l'Empire.. hum.. Je n'ai jamais été réellement un "soldat". Je suis arrivé très vite au statut de maitre d'armes et j'imposais déjà des ordres, vu l'absence répétée de mon ancien Général: Vicius.

L'homme gardait une très grande estime pour cet ex paladin devenu général. C'était un modèle à suivre dans l'art d'exercer son métier. Concernant la vie sociale, Vicius n'était pas vraiment le modèle à suivre, mais venant d'un ancien paladin c'était tout à fait logique.

Rukainn murmura presque:

- Un très grand homme...

Chassant les idées de sa tête, l'homme releva la tête et posa une question à son général.

- Et vous Général? Que pensez vous de nous? De vos soldats? de l'Armée? Des choix et des décisions du Conseiller?

Il termina, enfin, son long monologue sur ces dernières questions. Il savait déjà que la dernière question allait être évitée.

Rukainn qui était normalement avare en conversation, montra un engouement imprévu. Néanmoins le contenu fut des plus intéressants et le Général put constater de ce qu’avait pensé l’hybride de son passé. Rukainn n’était pas quelqu’un en qui on pouvait avoir une grande confiance de part son lourd passé, néanmoins il faisait son travail et il le faisait bien. Au travers de ses réponses, Bahal fut convaincu que Rukainn avait délibérément nié quelques informations vis-à-vis de ses précédentes questions. Sans que le Trésorier et le soldat avaient été des amis, sans doute. Tout reposait sur des suppositions qui ne répondraient pas pour le moment à sa curiosité.

-« Ce que je pense des soldats de l’Armée Royale ? Disons que vous n’avez pas la meilleure réputation de l’Armée du Roi. Cependant j’ai la conviction que votre mission journalière n’est pas si facile. Néanmoins j’ai confiance en mes hommes et en leur capacité et je ferai de mon mieux pour que celle dégage l’image du respect et de la justice. »

Bahal attrapa un petit gâteau qu’il trempa dans sa tasse avec un léger mouvement. Après que cette trempette fut terminée, il porta le petit beurre à sa bouche et en savoura le goût. Il but quelques gorgées puis reprit la parole.

-«Du reste, nous avons une position délicate et nous devons prendre un peu de recul vis-à-vis de la situation. Nous avons un allié en moins et l’ennemi semble se rassembler dans une nouvelle Union Démoniaque, sans parler des attaques de Norgul à Proncilia. Pour le moment, nous devons nous consacrer à protéger le peuple mais bientôt viendra leur et nous devrons de nouveau lever les armes. Nous ne savons pas vraiment ce qui se prépare mais quoi qu’il arrive nous devrons affronter notre ennemi pour le Roi, pour le Peuple et pour le Royaume. »

La dernière question de Rukainn n’était pas des plus aisée à première vue. Néanmoins, Bahal avait il le droit de contester les ordres de son Conseiller ? Non, comme les soldats lui obéiassaient, le Général obéissait au Conseiller.

-« Cela peut vous paraître basique, néanmoins j’ai la même confiance que les soldats portent en moi, envers le Conseiller. Je lui dois obéissance et je ne peux m’opposer à ses décisions, simplement le conseiller. »

La nuit venait de tomber et les torches étaient allumées. Les journées se voulaient plus courte, Lanjis approchait à grand pas. Le Général termina sa tasse qui quelques minutes plutôt était encore légèrement fumante. Il lui fallait reprendre le travail maintenant.

-« Si vous voulez bien m’excuser, je dois retourner à mon bureau. Sachez que j’ai apprécié cette conversation, passez une bonne soirée. »

Le Royaliste se redressa puis il salua le nain et quitta la Taverne.