Cellule du fou

Saphotis était étonné par ce discours. Il se demandait comment des gens intelligents pouvaiet s'engager dans une quelconque armée.

- Le problème n'est pas de savoir où vos soldats sont allés, mais où ils ne sont pas allés, et si leur but est de ne sauver que ceux qui souhaitent vivre en paix, pourquoi arrêtent-ils des personnes qui se battent par plaisir ? Pourquoi arrêtent-ils des meurtriers qui s'entretuent ? Je veux bien vous croire que nous ne sommes rien, des bandits qui s'inventent une vie, mais dans ce cas pourquoi ne pas nous laisser dans notre monde ? Si ce que vous dites est vrai, que vous ne savez pas pourquoi des soldats viennent à Sarosa, alors vous avez un véritable problème hiérarchique. Vous me parlez de démons à tuer, et vous laissez vos soldats tuer les "rêveurs éveillés" ? Ce serait plutôt eux qu'il faudrait enfermer, car ils ne suivent pas leur compagnons, si je suis votre logique. Vous avez presque l'air de prendre tous ces types en armure pour vos frères. C'est l'endoctrinement hein ? Vous n'êtiez pas comme ça avant je suppose ? Ce que je pense, c'est que les soldats qui viennent à Sarosa attaquent ceux qui ont l'air faible et les enferment afin de se faire bien voir de leurs supérieurs. Si votre armée est si loyale, fidèle, ou je ne sais quoi d'autre, expliquez-leur à quel point patrouiller dans ce village, cette "infime partie", est d'une affligeante inutilité, et laissez-nous tranquille.

Saphotis avait décidé d'aller dans le sens du soldat. Il avait après tout raison, Sarosa n'était rien dans l'étendue du Royaume. Et dans ce cas, les soldats étaient inutiles.

Le gérant du palais se frotta la tête. Non pas qu'il ait à réfléchir sur sa réponse mais cela le démangeait réellement. Il répondit, la main toujours posée sur son crâne

JJG - Endoctrinement? Vous connaissez très peu l'armée, vous qui la critiquez pourtant si vivement. Si les soldats s'appellent frères d'armes, ce n'est pas parce que la formule leur paraît belle. C'est un lien qui se crée lorsqu'on a combattu ensemble, lorsqu'on a frôlé la mort côte à côte, qui dépasse celui du sang, la race et la richesse. Si l'armée accueille en son sein des tiny's et des humains, des elfes et des anges, des shaamahs et des hommes-grenouilles, c'est parce qu'au delà de toutes ces distinctions, nous sommes des soldats du roi et que nous ne nous différencions pas. Je confierai ma vie à n'importe lequel des miens, sans hésiter une seule seconde. Tous ceux qui n'ont jamais pu saisir cet esprit sont rapidement partis.

Galdiner rabaissa son bras. Combien des leurs, aujourd'hui loins, demeuraient encore si chers à leurs coeurs? La mélancolie le gagnant dangereusement, il reprit

JJG - Et vous appréhendez encore moins le royaume que son armée. Comment pouvez-vous discuter d'endroits que nous n'aurions pas explorés, vous qui n'êtes jamais allé ne serait-ce qu'à Khuzdul? Je vous l'ai pourtant dit, nous connaissons les terres du roi et sommes même allés au delà.

Jean Jacques se demanda soudainement s'il y aurait du pâté au menu ce soir. Ce sujet méritait une attention toute particulière.

JJG - Les arènes sont faites pour ceux qui désirent combattre par plaisir. En dehors de leurs limites, c'est un crime. Mais je pense savoir pourquoi elles n'attirent pas: encore faudrait-il que ces combattants si fous dont vous me parlez soient plus prompts à sortir l'épée qu'à déblatérer pendant des heures sur la meilleure manière de le faire. Je doute d'ailleurs qu'ils puissent y exposer toute leur puissance, il y a là-bas de vrais guerriers.

Il grimaça. Ce soir, c'était pommes de terre.

JJG - Il est donc naturel que les soldats arrêtent ceux qui se sont finalement décidés. Par ailleurs, je n'aime guère me répéter: si certains aiment trop leur patrie pour laisser ne serait-ce que deux ivrognes dans leur bassesse, je ne peux que les soutenir dans leur quête et prier que Donblas les aide à faire de nouvelles prouesses. Surveiller ce bordel n'empêche d'ailleurs pas de patrouiller, vu le peu dont on peut s'inquiéter. Ne croyez pas que les soldats ne vont que là, c'est simplement que vous n'en bougez pas. Ils y gagneraient peut-être à ne plus s'y rendre du tout, et ainsi va parfois mon opinion lorsque je me retrouve à discuter avec un tel prisonnier, mais je n'ai pas l'outrecuidance de me croire assez fûté pour discuter des stratégies des hauts gradés, eux qui ont fait ce dont vous ne pouvez que parler, eux qui se battent pour quelque chose qui dépasse le cadre même de vos pensées.

Qu'à celà ne tienne. Il en ferait de la purée.

Saphotis écoutait ce que disait le soldatavec attention, il trouvait cela amusant

- C'est quand même fou que vous parliez de solidarité, de pleins de valeurs nobles, alors que vous avez l'air de nous considérer comme des moins que rien. Peut-être que ce n'était pas l'effet recherché mais j'ai presque l'impression que vous faites de la propagande pour votre armée, qui serait supérieure à tous et à toutes. Ce qui est certain, c'est que vous aimez votre armée. En fait, je pense que nous sommes trop différents pour nous comprendre, c'est un dialogue de sourds vous ne trouvez pas ?

Jean Jacques Galdiner éclata de rire. La purée avait été très bonne, il était d'humeur joyeuse.

JJG - La solidarité est pour mes frères, mon roi, son peuple et ses terres.

Il se tourna vers la sortie et entama sa marche vers l'étage supérieur de la commanderie.

JJG - Ce n'est pas un dialogue de sourds. C'est un combat entre la raison et la folie, entre la vérité et le mensonge, entre moi et vous. Décrivez moi comme prétentieux si cela peut vous conforter dans votre opinion mais je suis dans le vrai et vous non. Un jour, Donblas vous rendra à l'évidence et vous pleurerez de vos yeux alors bien ouverts face à tant d'erreurs et de misère, face à ce massacre sans nom perpétré par votre grouspucule. C'est pourquoi je ne souhaite vous faire entendre raison, je ne désire pas vous voir plus malheureux que vous ne l'êtes déjà.

Ainsi il partit, les cheveux dans le vent, quelques restes de guimauves entre les dents.

Saphotis regardait le soldat partir. Ce soldat était un prétentieux, un énorme prétentieux, et il en était maintenant sûr. Le voyant partir, il se demanda combien de temps il lui restait.

[HRP : Justement, il me reste combien de temps ? C'était mon dernier jour non ?]

(Oui, tu es libre.)

[HRP : D'accord merci]

Saphotis fut surpris qu'on le libère. Le temps avait passé vite avec ce soldat, mais il était temps maintenant pour lui de retourner à la meute

Bahal amena le dénommé Torm dans les prisons et le fouilla. Il y trouva une épée longue et un couteau à lancer. Après l'avoir questionné, il quitta les prisons.

Le geôlier se tourna vers Jaïxe, à moitié endormi. Il le toisa d'un air désintéressé, puis lui répondit.

Roger - Heu.. ouais, y fait beau. Enfin ici il fait aussi sombre que dans une grotte alors j'en sais foutrement rien.

Très vite il se retourna, pendant ce temps un autre garde arriva, ouvrit la grille et laissa glisser un bol de soupe à la pomme de terre jusqu'au prisonnier.

Roger - On dirait que c'est l'heure de la ration.

[i]Jaïxe attrapa la ration et commença à manger tranquillement le repas. Quand il eu fini, il déposa les restes au bord de la grille et retourna dans son lit. Il pensa que sa fin était proche.

Jean Jacques Galdiner descendit dans les geôles et s'approcha du seul détenu actuel. Sa présence ici ne leur était plus d'aucune utilité, il fit donc ouvrir sa cellule et lui adressa ces paroles :

JJG - Sur ordre du conseiller, vous êtes désormais libre. Tenez vous tranquille sans quoi le prochain séjour dans nos prisons sera bien plus long. Sur ce ...

Il le fit raccompagner hors de la commanderie par les gardes et retourna à ses tâches.