Chapitre 2 - Voyage dans l'outretombe
Cela fait des jours que je marche, que je sillonne cette terre aride, vide de toute vie. Il me reste peu de vivre dans ma besace et je commence à désespérer de trouver un village où me ravitailler.
Ce soleil qui m'aveugle, cette chaleur qui m'assoiffe, que suis-je venue faire dans cette contrée hostile ? mon hâvre de paix ne peut pas se trouver dans cet endroit à la terre sèche, à la flore défraichie.
Mes forces me quittent me rappelant que je ne suis qu'une toute petite chose insignifiante dans ce monde si vaste. Je ne peux plus faire demi-tour, je ne me suis que trop avancée. Si je détourne mes pas, la mort m'accueillera en ricanant.
J'avance en titubant, la tête lourde, langue gonflée et lèvres craquelées par le manque d'eau. Cette eau que j'économise si chèrement pour arriver au bout de cet enfer rocailleux désert.
Maman ! Pardonnes moi. J'ai échoué dans ma tâche.
Le sol se rapproche rapidement de moi. Je sens mon corps heurté cette terre qui aura eu raison de moi et plus rien... le...
Où suis-je ? il fait si noir que je ne distingue rien, même pas mon corps. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à sentir mon corps ? Pourquoi est-ce que je ne le vois pas, que je ne le sens pas bouger quand je crois faire un geste ?
Est-ce cela la mort ? Etre condamné à vivre seul éternellement sous une forme immatérielle ? Je n'en veux pas ! Qui que vous soyez, vous là-haut, ramenez-moi sur terre... je vous en supplie.
Je me sens pleurer, mais aucune larme ne coule. Personne ne m'écoutera. La mort n'est que néant.
Qu'est... Qu'est-ce qui se passe ? le noir semble s'éclaircir, il devient gris, des odeurs de verdure, des chuchottements assaillent mes sens. Des tâches de couleur s'assemble pour former un... un paysage !
Mais... Mais c'est chez moi. C'est mon village. Maman ! c'est moi ta petite Mauribonde. Maman ! retournes toi... Ne m'entends tu pas !
Pourquoi me montre-t-on tout cela ? Je sens que quelque chose de terrible va se passer et je ne peux rien faire pour éviter tout cela. J'ai peur, je veux fermer les yeux pour échapper à ce qui va arriver, mais je ne peux pas. Je suis condamnée à devoir assister en spectateur à cette tragédie qui s'annonce.
Des beuglements, une odeur nauséabonde... une horde de barbare déboulent dans mon village, leurs haches, leurs fléaux tapant ça et là mes congénères, ne laissant derrière eux que des corps sans vie ensanglantés, formant un tableau macabre de ce petit village sans histoire.
Mamaaaaaaaaaaan ! Fuis maman ! NOOOOOOOOON.... NOOOOOoooon...
Je sanglote au vu du corps de ma mère sans vie. J'aurais dû la forcer à partir avec moi... j'aurai dû... Et le néant reprend avec lui ces images douloureuses, me plongeant de nouveau dans ce monde si noir.
POURQUOI ? pourquoi me montrer cela ? Suis-je condamnée à revivre cette scène ou d'autres tout aussi horrible ? qu'ai-je donc fait pour mériter cela...
Laissez moi porter mon deuil en paix... Laissez moi...
"Réveilles toi ma soeur... réveilles toi"
Qu... qui êtes vous ? montrez-vous !
Une lumière m'aveugle, crevant cet écran noir qui m'entoure, une main aux doigts si fin se porte à moi.
"Prends ma main petite soeur... N'ait pas peur"
Cette voix si rassurante, si apaisante, m'envoute, m'attire. Je me sens tendre une main et attraper celle tendue... et...