Cela faisait quelques jours que l’officier Bahal del Madride se trouvait au Palais du Roi RolandIV. L’homme avait eu le temps de prendre quelque peu ses marques et de s’habituer à la monotonie qui régnait en ce lieu. L’Etat Major avait bien joué son rôle et l’Armée bien que sachant son conseiller disparu semblait ne pas se laisser aller au désespoir. Peut être que Shingen avait réussi à remonter le moral des troupes.
Ce matin là, l’officier se rendit à Trigorn dans le but d’aller au port de la ville marchande. Bahal descendit lentement les marches qui menaient à l’écurie et y retrouva deux de ses hommes qui l’attendaient avec son cheval. D’un geste rapide, il enfourcha sa monture et quitta le palais. Le temps se prêtait à merveille à cette courte balade dans les plaines. Le vent soufflait légèrement et le soleil réchauffait les pauvres soldats qui voyaient la rosée briller sur le sol. Les nuits étaient encore rude malgré l’amélioration du temps.
C’est sans encombre que la troupe rejoignit Trigorn. Un marché était établi devant la place des trois gorgones bien qu’il en manquait une suite à l’assaut des pirates. Le regarde de l’officier fureta de droite à gauche pendant qu’ils traversaient la masse humaine qui s’écartait de leur passage. Ils continuèrent leur avancée voyant la mer devenir de plus en plus proche et le bruit des mouettes plus abrutissant.
Bahal se présenta au port et laissa son cheval au soin de ses hommes. Un lieutenant de la Marine, Eiphram l’accueillit et inclina la tête en guise de salutations. Les deux hommes commencèrent par les formalités que leurs grades respectifs exigeaient puis la conversation se précisa sur la venue de l’officier.
-« Je suis venu me renseigner sur les navires que l’Armée Royale a voulu utiliser lors de la prise de Trigorn par l’insurrection. On m’a renseigné qu’ils étaient encore ici et je voudrais savoir dans quels états ils se trouvent. »
Eiphram acquiesça lentement la tête puis conduisit l’officier dans un coin du port où se trouvait un abri. Le lieutenant détacha la chaîne qui verrouillait l’accès et ouvrit les portes qui grincèrent longuement. Bahal observa le spectacle qui se livrait alors à lui, il y avait quatre grands navires de couleur bleue comme il lui avait été précisé. L’homme s’avança et toqua de part et d’autre et se renseigna sur l’état des navires.
-« Pensez vous qu’ils soient réutilisables ? »
Le lieutenant fronça les sourcils et sembla longuement réfléchir puis il acquiesça de la tête d’un air qui donnait confiance en sa confirmation.
-« Je veux qu’ils soient prêts pour dans dix jours, vous ferez passer ces travaux comme un aménagement pour des navires de transports et faites le savoir si on vous pose des questions. La mer mirène manque de navire pour conduire les voyageurs jusqu’aux îles. »
Bahal ne laissa rien paraître par rapport à leur utilisation finale, cela ne regardait pas encore la marine, il fallait que les éléments s’emboîtent un à un dans la suite logique prévue. Bahal avançait avancé le premier pion, il fallait maintenant que les autres avancent les leurs avant que l’officier ne continue.
-« Il faudra retravailler la charpente ainsi que la structure. De plus avec les dernières techniques mises au point, nous allons les alléger pour les rendre plus rapide. Ce sera prêt dans dix jours. »
Sur ces mots, le lieutenant et l’officier se quittèrent.
Sujet: Le premier pion au port 
